Classe promenade, classe dehors…

Quelles différences entre classe dehors et classe promenade ?
Sortir de l’école : où ? quand ? comment ? Et surtout, que faire au retour dans la classe, pour continuer l’aventure et enrichir cette pratique ?

Classe-promenade / classe dehors : quelles différences ?

La classe « promenade » est une pratique qui remonte à Célestin Freinet lui-même. Voyant que ses élèves s’endormaient ou chahutaient en classe par ennui des tâches scolaires, il décida de les emmener voir le milieu environnant autour de l’école (en l’occurrence en Provence) pour observer non seulement la nature, mais aussi la culture, les métiers, l’économie, les bâtiments, l’histoire… En rentrant à l’école, les enfants se posaient des questions sur ce qu’ils avaient vu, entendu, compté, repéré, découvert… Et se lançaient ainsi dans des recherches qui aboutissaient à des « conférences d’enfants » ou exposés, livres-enquêtes, albums ou affiches, qu’ils pouvaient le raconter à leurs correspondants dans des lettres, le relater dans un journal, en faire des oeuvres d’arts plastiques, une émission de radio ou un film… Il s’est ainsi rendu compte qu’on pouvait aborder toutes les connaissances nécessaires à la découverte du monde et à l’émancipation des enfants, autrement dit tous les points des programmes, et même bien davantage. La classe-promenade est donc une modalité de travail dans une classe Freinet. Elle permet de considérer que les objets d’études de l’élève ne se trouvent pas seulement sur des fiches ou des feuilles de papier (ou écrans) mais bien dans le monde réel qui nous environne. En pédagogie Freinet on appelle couramment cela « étude du milieu », mais cela peut aussi déboucher sur le « calcul vivant » (les maths dans la vie courante) et bien d’autres choses…
La classe dehors est une autre manière d’aborder les sorties. Elle vient des pays nordiques, où le « besoin de nature » des enfants a été constaté et pris en compte. Elle vise à lutter contre les difficultés de concentration, le stress, etc. Elle peut consister à sortir régulièrement au même endroit, afin non seulement d’étudier la nature, mais de la vivre, d’y jouer, ou parfois d’y pratiquer des activités qui peuvent être scolaires. Par exemple, dans telle clairière de la forêt, on pratiquera le calcul mental… Ou on fera une dictée. Parfois il s’agit d’une simple transposition des pratiques de classe dans un milieu naturel. Parfois au contraire il s’agira de s’imprégner du milieu naturel et d’y jouer librement ou d’y faire des activités en lien avec la nature, les saisons…
Bref, classe promenade ou classe dehors, il y a autant d’objectifs et de modalités que d’enseignants… et de moments !

Différentes pratiques de la classe promenade ou classe dehors

Nous avions déjà évoqué la classe dehors et la classe-promenade dans un précédent article. Dans notre atelier à Boussens en septembre 2024, nous avons recensé dans notre petit groupe de 7 enseignantes différentes modalités et périodicités : aller au même lieu dehors 1/2 journée par semaine avec des parents accompagnateurs pour y faire des ateliers ; aller chaque fois à un endroit différent d’un quartier urbain une fois par semaine ; sortir une fois par mois à différents endroits avec une grille d’observation et un carnet de notes ; sortir une fois par période ; sortir ponctuellement avec des objectifs précis ; sortir avec des appareils photos ou un enregistreur de sons…
La sortie « à lunettes » consiste à chausser des « lunettes » d’historien, de mathématicien, d’artiste, de géographe, etc. pour observer l’environnement sous un angle précis.

Où, comment, combien de temps s’arrêter en chemin ?

On peut marcher jusqu’au lieu prévu ou au contraire s’arrêter à chaque fois qu’un·e élève le demande ; faire des petits groupes qui s’arrêtent chacun à son rythme… La question du temps se pose. Quoi qu’il en soit, plus la sortie devient une routine, moins les élèves s’arrêtent « pour un oui pour un non ». Même si on ne pourra jamais empêcher des enfants de ramasser compulsivement des marrons ou de regarder passer le train… ! Une manière de s’arrêter peut consister à délimiter un périmètre de sécurité (matérialisé soit par des balises, des repères, soit par des parents en gilet jaune), au delà duquel il est interdit d’aller. On peut s’arrêter parce qu’on veut observer quelque chose et alors tous les élèves qui veulent observer s’arrêtent et observent, les autres pouvant jouer, écrire, dessiner pendant ce temps.

Peut-on faire une classe-promenade partout ?

Si l’école est située dans un quartier urbain bétonné, ou au contraire dans des champs en monoculture à perte de vue, est-ce quand même intéressant ? La réponse est oui ! Les questionnements des enfants sont infinis. Ils se posent des questions que les adultes ne se posent plus. Le questionnement géographique est toujours riche : à qui appartient cet espace ? Est-il public ou privé ? N’y a-t-il vraiment que du maïs dans ce champ ? Et si oui, pourquoi ? En a-t-il toujours été ainsi ? Quand sera-t-il coupé ? De quoi est faite la terre ? Pourquoi les immeubles sont-ils plus grands qu’ailleurs ? Quand a été créée la rue ? Qui lui a donné son nom ?

Quels supports et matériels emporter lors de la sortie ?

Une bâche pour se poser dans la nature ; des petits sachets individuels pour que les élèves ramassent ce qui leur paraît intéressant ; des carnets de dessin avec ou sans grille d’observation ; des chaussures étanches, des bottes, des imperméables (prévoir un mot aux parents et/ou du matériel de prêt) ; un ou plusieurs appareils photos ; du matériel d’enregistrement de son ; des crayons et des gommes…

Comment « exploiter » cette sortie en rentrant en classe ?

Recenser collectivement les observations individuelles et questions écrites au fil de la promenade par les enfants. Si ça ne fait pas penser à quelque chose, ou si on ne se pose pas de questions à partir de ça, alors on ne l’écrit pas dans le compte-rendu…
Ecrire nos questions
Lancer une recherche documentaire individuelle ou par deux
Proposer des documents de la classe comme par exemple les BTJ, les « Lectures Sciences » Odilon.
Faire une carte mentale, un exposé
Ecrire une poésie
Disséquer des marrons
Observer les plantes ou les insectes à la loupe
Retracer l’itinéraire suivi sur une carte, un plan
Chercher dans les archives : mairie, cadastre, Géoportail
Réaliser une fresque de la promenade
Utiliser les ordinateurs pour la recherche : FTJ (ICEM) ; Encycoop (ICEM) ; Vikidia (gratuit) ; Encyclopaedia Universalis Junior (payant)…
Envoyer aux correspondants des objets trouvés lors de la sortie ou observations, dessins, résultats de l’enquête…