Créations mathématiques : quand, où, comment ?

Quelle consigne donner ? Quels supports utiliser ? A quelle fréquence ? Comment « tirer les fils » et mener l’analyse pour exploiter les créations mathématiques des élèves ? Comment faire en maternelle quand les élèves ne savent pas trop ce que sont « les mathématiques » ?

Quelle consigne donner ?

  • « à l’aide de points, de traits et/ou de symboles, faites une création. »
  • « à l’aide de points, de traits et/ou de signes, chiffres, faites une création. »

NB : La consigne donnée par Le Bohec dans son livre Le texte libre mathématique est la suivante :
« Vous faites une création mathématique ». Puis il répond à l’incompréhension suscitée en ajoutant : « vous faites une création, c’est-à-dire n’importe quoi, à partir de chiffres, de points, de nombres, de lettres ». Selon lui, pas besoin de parler de traits ou de lignes, car il y en aura de toute façon.
Pour rassurer, il ajoute « Si vous n’y arrivez pas, on fera un second tour », mais précise qu’en général il n’y a pas besoin de second tour. Il précise qu’on peut aussi expliciter un assouplissement de consigne si besoin (par exemple, préciser qu’il n’est pas nécessaire d’avoir à la fois des points, des chiffres, des nombres et des lettres).

Comment mener l’analyse ?

Par groupe de 3-4 élèves, pour inclure les enfants qui considèrent que « les maths, c’est pas pour moi », et qui seraient dans l’évitement en classe entière.Au volontariat… mais tout le monde doit passer à un moment.
5 minutes par création.
Différentes modalités possibles :
– chaque enfant analyse sa création (s’il ne veut pas, il observe juste celle des autres).
– pour chaque création : d’abord les autres discutent, puis la personne qui a créé donne son intention.
→ La création, c’est aussi dans la confrontation de ce qu’on voit. Ex : je dis ce que je vois de mathématique, l’autre a voulu faire autre chose et justifie avec ses concepts mathématiques.
Exemple de réponse à « j’ai fait une maison » : « en langage mathématique, c’est un rectangle avec un triangle » / « mes oreilles de mathématicien n’entendent pas le mot « maison »

En fonctionnant en petits ateliers, les enfants ne voient pas tous les mêmes concepts au même moment. Comment gérer cette différence d’avancement ? Au choix :
– Quand tout le monde a vu un concept, on institutionnalise.
– Dès qu’on a fait un temps d’analyse de création, je fais un compte rendu pour la classe. Tant pis si chaque élève n’a pas encore découvert le concept lors de l’atelier.
– Idée à tester : quand un groupe a compris ce qu’est le carré, il/elle peut faire un exposé à la classe.

Quel support ?
– Avoir un cahier de création maths permet aux enfants d’en faire plusieurs (par ex. en plan de travail) et de s’y référer (elles sont numérotées).
– On peut aussi faire les créations sur feuille libre puis les mettre dans un cahier collectif dans la classe, pour s’y référer plus tard.

Et en maternelle ? Comment faire comprendre le concept de « mathématiques »  ?

  • segmenter les temps, même si on travaille dans différents ateliers (langage / mathématiques). Ainsi, les enfants commencent à pouvoir verbaliser ce qu’on apprend en maths (« compter, les formes »), ce qui permet d’amener progressivement l’idée qu’en maths, on apprend à réfléchir.
  • passer par le toucher. Ex, sur la boite de mouchoir, je vois un rectangle.
  • passer par des photos, sur lesquelles les enfants repassent au feutre → permet de mettre en évidence le rectangle de la boite de mouchoirs.

Les maths : un facteur de discriminations, notamment filles/garçons
A lire aux enfants : J’ai mal aux maths, aux éditions Talents hauts.

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