Littérature… comment donner aux enfants le goût de lire ?

En pédagogie Freinet, on considère que le goût de la lecture vient à partir des pratiques d’écriture, notamment parce que la pratique du texte libre, l’amélioration collective de textes enfantins, amène à rencontrer des textes littéraires, des oeuvres du patrimoine. Mais comment travailler la lecture d’œuvres complètes ?

Le poids symbolique du livre

Gardons en tête que l’objet livre peut générer un rejet très fort, susciter des complexes et du découragement. Comment faire ?

  • L’entrée par les illustrations d’un livre, ou bien par un livre sans texte peut lever des blocages. Ex. de livre sans texte : Le petit poilu
  • La lecture projetée (se filmer en train de lire) peut être intéressante, par exemple pour la lecture de BD.
  • Avec des ados très loin de la lecture, travailler sur des parcours de personnages plutôt que sur des œuvres complètes
  • Méthode « Juliette » : chaque lectrice/lecteur a son propre parcours ; on ne peut pas imposer d’œuvre.

Nous devons réfléchir collectivement à des œuvres qui peuvent plaire aux enfants et sortir du cadre européo-centré. C’est important, également dans une perspective anti raciste.

Quelques pistes :

Le livre Maryse Brumont : Diversifier et renouveler les leçons de lecture au cycle 3 est une mine d’idées de modalités de lecture. Il se télécharge librement ici : https://www.reseau-canope.fr/notice/diversifier-et-renouveler-les-lecons-de-lecture-en-cycle-3.html

La lecture magistrale comme cadeau et porte d’entrée dans la littérature

  • Lecture quotidienne d’une œuvre, mise en scène, avec des accessoires, des déguisements. Les enfants peuvent dessiner pendant le temps de lecture.
  • Lire beaucoup d’œuvres différentes, de tout genre.
  • Lire à voix haute des extraits choisis d’une œuvre, avant de la donner à lire permet de susciter chez les enfants de l’intérêt et le plaisir de la relecture.

Encourager la lecture individuelle

  • La « lecture à la Juliette » : 20 minutes de « lecture libre obligatoire » à la maison. Le principe : il est interdit de lire dans la classe (vraiment ?), en revanche, chaque enfant choisit tous les jours 2 livres à emprunter et doit lire 20 minutes à la maison, tous les jours. Pratique à bien formaliser dès le début de l’année. Nécessite d’avoir une grosse bibliothèque de classe.
  • Proposer des conseils de lecture honnêtes durant le temps d’accueil du matin.

Proposer différentes modalités de lecture

Environ 7 fois dans l’année les élèves rédigent une « piste d’écriture » (piochées chez… Maryse Brumont évidemment !). Ce travail est à faire à la maison, à partir d’un livre choisi librement par l’élève. Exemple de piste :

  1. Poser des questions à l’auteur
  2. Dessiner la caricature d’un personnage du livre
  3. Lecture à 2
  4. Lecture en inférence. Les élèves mettent une croix à l’endroit du texte à l’endroit où on pourrait poser la question : « Comment se fait-il que… ? »

Faire lire à voix haute

  1. Lecture par mise en voix : 2 ou 3 enfants font la lecture magistrale à notre place, en ayant travaillé le texte avant.
  2. Chaque semaine, un.e « grand.e » lit l’histoire qu’il ou elle a écrite aux maternelles

Parler des livres

  • Après le moment de la lecture magistrale, ritualiser le « moment des livres » : les enfants sortent les livres, et on en discute.
  • Le cercle de lecture, à partir d’un livre ou simplement d’un extrait (même 5 ou 10 lignes). Dans chaque groupe, on a des rôles : maitre des mots, maitre des illustrations (fait un dessin de son choix), maitre des liens, maitre de la discussion (organise les débats). Ex. de question : pourquoi avoir choisi tel angle pour l’illustration ?
  • Donner des maitres mots qui répondent aux questions qui, quand, quoi, où, pourquoi : « C’est l’histoire de… à telle époque, à tel endroit, qui a tel problème. ». Faire verbaliser le ressenti, en entourant : « Je conseille / je déconseille, parce que… »

Le carnet de lecture : le moins scolaire possible, un espace libre dans lequel l’enfant peut, au choix, dialoguer avec l’œuvre, recopier des passages, dessiner des moments du livre, donner son avis etc.

Enrichir le vocabulaire avec le carnet de mots : à la fin des séances (de lecture mais aussi n’importe quelle autre séance), noter les mots qu’on retient.

Des méthodes pour favoriser la compréhension : Narramus (Roland Goigoux) : très ludique, permet de travailler le vocabulaire avant la lecture, de mettre en scène l’histoire (jeux de rôles et figurines), amène les enfants à raconter eux-mêmes l’histoire.

Penser qu’il faut aussi guider la compréhension du livre au-delà de la simple compréhension de l’histoire. Ex. du livre Noirs et Blancs de David McKee, qui est l’histoire d’éléphants blancs et noirs qui se font la guerre : les enfants ne comprennent pas forcément que le sujet, c’est le racisme.

Question pratique : où emprunter des séries de livres ? Penser au centre de ressources documentaire et à l’échange entre écoles.